dimanche 29 août 2010

Grand Raid des Pyrénées 2010 - Grand Trail 80km, 5000mD+

Grand Raid des Pyrénées 2010 – Grand Trail (28 Aout 2010)

Vendredi 27/08/2010 :

Départ pour Vielle-Aure en début d'après-midi. Pour cette course je suis accompagné de Gilles qui m'aidera aux points de ravitaillements et prendra les photos souvenir.

Après un passage au camping nous allons au centre de Vielle-Aure récupérer le dossard au contrôle. Vérification du matériel obligatoire par l'organisation, un petit tour du chapiteau et récupération du flyer du «Raid du Golfe du Morbihan», on sait jamais.

Avant de rentrer au camping je croise Marc Villa, un coureur que j'avais rencontré sur la course du Canigou l'an dernier. On discute un peu et nous nous souhaitons bonne chance pour le lendemain.

Retour au camping pour le repas du soir et la préparation du sac et des boissons pour la course.

La nuit sera courte. Environ 4 heures de sommeil.



Samedi 28/08/2010 :

Réveil à 3 heure, le départ de la course est à 5heure.

Je mange mon «Gatosport» et je me prépare tranquillement, j'ai le temps. Vers 4h30' nous partons à Vielle-Aure pour le départ.

En arrivant au village j'aperçois un coureur qui ressemble à Laurent Jalabert (c'était bien lui, il fera la course avec son frère).

Direction le contrôle pour se faire enregistrer avant le départ.

La température est d'environ 9°, ce qui est très bien avant d'attaquer les 1400mD+ qui nous attendent sur la première montée.

Ambiance sur la ligne de départ :






5 heure, c'est le départ :


Je suis bien placé sur la ligne de départ ce qui me permet de bien gérer ma vitesse sur la partie goudronnée qui nous mène à Vignec avant d'attaquer la première montée vers Espiaube et le col de Portet. L'allure est relativement tranquille, environ 11, 12km/h. On part quand même pour 80km et 5000mD+, c'est pas le moment de se griller.

Les règles que je me suis fixées pour la course :

- Jamais dans le rouge (cardio < 160)

- régularité dans l'avancement,

- hydratation avec la boisson de l'effort toute les 10',

- un gel toute les heures,

- un gel «Coup de Fouet» avant les grosses difficultés,

- un verre de coca et un verre d'eau à chacun des ravitaillements,

- ne pas perdre trop de temps aux ravitaillements.

Dans la montée vers Espiaube je pars sur une base de marche rapide avec un peu de course sur les passages les plus faciles. On va trouver une mer de nuages dans la montée, mais le brouillard n'est pas très épais et pas du tout gênant.

Je ressens encore un peu la douleur au tendon d'Achille, celle qui m'a causé tant de tracas la semaine précédant la course.

Après Espiaube on attaque les pistes de ski. C'est la partir la moins agréable du parcours, mais on passe de nuit, donc pas de soucis. On serre les dents (eh oui, les pistes de ski, c'est cool de les descendre l'hiver, mais les remonter à pied, c'est une autre paire de manches). Je profite d'un grand virage à droite pour apercevoir en contrebas le long serpent lumineux des frontales. L'an dernier, l'épaisseur du brouillard était tellement dense que le spectacle n'était pas aussi sympa.

Finalement je passe le col de Portet en un peu plus de 1h58'. En 2009, j'étais passé en 2h05'.

Après le passage du Col on effectue une descente rapide pour le premier poste de ravitaillement au Restaurant Merlans (13,2km, 1427mD+, 180mD-). C'est le premier point de contrôle et je pointe en 2h05' et en 81eme position.


Arrivée au contrôle :


Gilles m'attend au ravitaillement et m'aide à remplir le Camelback, je prends les gels nécessaires pour rejoindre le prochain ravitaillement. J'en profite pour enlever les chaussettes de contention que je ne supporte plus.Avant de partir je laisse ma paire de bâtons à Gilles. On va attaquer une des parties la plus technique du parcours et ils seraient plus une gêne qu'une aide.

Je repars après un arrêt d'environ 6-7 minutes d'arrêt vers le refuge de Bastan et le col de Bastanet.

Après un raidillon d'une centaine de mètres de D+ le parcours rejoint le GR. Jusqu'au refuge du Bastan on emprunte un sentier en balcon au dessus du lac de l'Oule. Il est très agréable et on peut trottiner la plupart du temps.

Un peu avant le refuge du Bastan nous sortons des nuages. Au refuge j'en profite pour remplir un bidon d'eau au robinet. Je mange un gel «Coup de fouet» pour anticiper la fin du col qui est assez raide. Je poursuis la montée vers le col dans le même rythme régulier.

La mer de nuages au dessus du refuge du Bastan :


Sur la fin de la montée :




Je passe au col de Bastanet (19,1km, 1921mD+, 205mD-) en 3h10', la température est de 9°, tout va bien.

J'attaque cette première grande descente tranquillement (la descente, c'est mon point fort). J'essaye de récupérer au maximum.

Début de la descente :



La descente se passe bien, je double quelques concurrents. Arrive un passage relativement plat, j'en profite pour regarder ma montre et là c'est le «drame». Je me retrouve au sol sans voir rien compris. Je chute lourdement, et je tombe sur mon bras gauche, je m'écorche la main. Je me relève de suite et je fais le bilan : mal au bras et une petite plaie à la main. Les coureurs qui me rattrapent me demandent si tout va bien. Je les rassure et on repart. Passé cette petit frayeur je me promets de me concentrer un peu plus sur les chemins, même s'ils apparaissent faciles. Voilà une nouvelle règle pour les prochaines courses.

Je continue la descente et rattrape la première féminine à ce moment là de la course. Bizarrement, alors qu'elle va beaucoup moins vite, elle ne nous laisse pas passer. Je suis obligé de faire un gros écart un peu risqué hors sentier pour doubler. Attitude très surprenante que l'on voit rarement en trail où le fairplay est de règle. Pas grave, je suis passé et je continue mon chemin.

Passage au refuge de Campana, puis le magnifique lac de Greziolles. On descend ensuite sur le barrage de Caderolle. Tout ce passage est magnifique mais les chemins sont super techniques. Depuis le refuge de Campana jusqu'au barrage de Caderolle que des cailloux, des blocs, enfin, des chemins pas faciles.

On se retrouve dans les nuages qu'il faut à nouveau traverser dans la descente vers Artigues. Maintenant c'est des prairies et on va pouvoir courir jusqu'à Artigues. J'en profite pour bien m'alimenter car après le prochain pointage on va attaquer la redoutable montée vers le pic du Midi.

Arrivée à Artigues :


Je pointe au contrôle (29,3km, 1955mD+, 1556mD-) en 4h28' ce qui me place en 52eme position.

Au ravitaillement je me tiens à ma stratégie, 1 verre de coca, 1 verre d'eau.

Je croise un secouriste présent à Artigues et je lui demande s'il a un produit pour désinfecter la petite blessure que j'ai à la main. Il semble surpris de ma question et me dit qu'il n'a pas ça. Pas grave, je file rejoindre Gilles pour faire le plein du Camelback, les gels et je récupère ma paire de bâtons (à partir de là je les garderais jusqu'à la fin).

La température est de 12°, toujours un temps idéal pour ce type d'effort.

Ici aussi un arrêt de 6-7 minutes et je repars à l'attaque du Pic du Midi (2876m), ce qui représente 1686mD+ d'une traite, pufff....

Je me rappelle avoir beaucoup souffert l'an dernier sur cette partie, et on s'arrêtait au col du Sencours.

Je pars donc sur un rythme toujours régulier et surtout je ne vais quasiment pas courir dans cette montée. Bien qu'au début la pente étant relativement peut prononcée, j'aurais pu.

Le soleil a fini par faire exploser les nuages et on va effectuer la montée avec la température qui augmente.

La montée vers le col du Sencours est régulière et sans surprise. Je ne vais pas avoir de «coup de pompe» dans cette montée contrairement à l'année précédente.

La montée depuis Artigues jusqu'au col du Sencours sera effectuée en 1h48' (en 2009 : 1h52'). La différence n'est pas énorme, mais cette année j'ai privilégié la régularité.

La température est maintenant de 22°.

Je fonce au ravitaillement et je prends un verre de coca et un verre d'eau. Ravitaillement express en 1'41".

Je repars en direction du Pic. Sur cette partie là le parcours fait un aller-retour. Ceci va nous permettre de croiser les premiers. Enfin à partir du 3eme car les deux premiers sont déjà passés.

C'est très agréable de croiser les premiers de la course. Cela permet aussi de comparer leur allure.

La première partie s'effectue sur l'ancienne piste qui mène à l'«Hôtellerie des Laquets». .

Dans cette partie on peut courir mais je persiste dans ma stratégie de régularité.


Pour l'instant tout va bien, j'en profite pour prendre un autre gel «coup de fouet» afin d'anticiper le final de l'ascension qui est relativement dur.

Arrivé au niveau de l'«Hôtellerie des Laquets» je croise Marc (coureur croisée la veille) qui prends le temps de s'arrêter pour me serrer la main. Il me dit qu'il n'est pas bien du tout et qu'il va effectuer une grosse pose au ravitaillement de Tournaboup. Il est quand même passé 11eme au Pic du Midi.

Juste après :


Je continue ma progression jusqu'au Pic. La fin de l'ascension est relativement dure mais je progresse avec régularité. Ça y est, je suis arrivé au point le plus haut de la course : 2876m. Il fait 16° et grand beau. On a vraiment du bol car ce même weekend l'UTMB a été arrêté après quelques heures de course à cause des conditions météo.

En attendant nous on profite de cette magnifique course.

Je pointe au contrôle (40,4km, 3641mD+, 1556mD-) en 7h13' ce qui me place en 50eme position.

Au niveau kilométrage on est à la mi-course. Par contre, on a déjà avalé une grosse partie du dénivelé positif. Il reste environ 1400mD+.


J'attaque la descente sans attendre :


Je fonce vers le col du Sencours, arrêt express au ravitaillement (un verre de coca, un verre d'eau) et hop dans la descente.

Cette partie est assez longue mais agréable.

La descente complète depuis le Pic jusqu'à Tournaboup représente 10,9km et 1440mD-.

Je ne doublerais qu'un coureur dans cette descente, et encore il était en train de retirer un caillou de sa chaussure. Je suppose que les autres coureurs doublés c'était pendant mes deux ravitaillements express.

Arrivée à Tournaboup :




Je pointe au contrôle (51,3km, 3641mD+, 2996mD-) en 8h14' ce qui me place en 43eme position.

Je continue à remonter dans le classement.

Sous la tente du ravitaillement :


L'an dernier j'avais pris 20 minutes à ce point de ravitaillement. Cette année, il faut gagner du temps.

Je vais avec Gilles jusqu'à la voiture pour refaire le plein de boissons et de nourriture. Je change aussi le teeshirt et la casquette.

Arrêt express de 10 minutes.

A partir de là on retrouve les coureurs de l'ultra.

Je repars sur le chemin du retour vers Vielle-Aure. J'attaque la montée vers le col de Barèges super motivé. J'en profite pour trottiner dans les portions faciles. Cela ne va pas durer. Arrivé à Pountou je commence à ressentir mes quadriceps à la limite des crampes, c'est pas violent du tout mais il me faut réagir de suite, sinon ça va pas le faire.

C'est à ce moment que je me suis rappelé la réponse de mon médecin du sport à qui j'avais posé la question au sujet de ce phénomène. Sa réponse avait été catégorique : problème d'hydratation et d'alimentation.

Je passe donc à l'action. J'augmente la périodicité au niveau de la prise de boissons et je mange un gel aussitôt.

Je vais adopter cette tactique pendant une bonne heure et cela va s'avérer payant.

Je ne peux pas nier que mon esprit se soit mis à gamberger et à envisager toute sorte d'hypothèses. Il restait encore 26km.

C'est peut-être pour ces moments là que l'on fait ce sport. Observer son esprit évaluer les différentes hypothèses, les positives, les négatives. On se rappelle les lectures des magazines spécialisés, les livres, les expériences des courses passées.

L'expérience de l'année dernière m'avais déjà montré que si l'on continue à s'alimenter et s'hydrater cela fini par revenir. Et c'est ce qui va se passer cette année aussi.

Peut de temps avant d'arriver à la cabane d'Aygues Cluses, point stratégique avant la rude montée finale vers le col de Barèges, je mange un dernier gel «coup de fouet». Cette année l'organisation a judicieusement placé un point de ravitaillement en eau ici.

La montée finale est dure mais je reste constant jusqu'au col. La montée entre Tournaboup et le col de Barèges m'a pris 1h52' (1h56' en 2009).

Il fait 19° au passage du col à 2469m. On a fait 59,7km pour 4674mD+ et 2996mD- a ce point là du parcours.

J'accroche rapidement mes bâtons sur le sac et hop dans la descente. Descente très technique sur toute la longueur, jusqu'au lac de l'Oule. Des cailloux, des racines,etc...

J'attaque la première partie de la descente tranquillement. C'est dans le passage en forêt que je vais rejoindre un petit groupe de coureurs pas décidés à se faire doubler. Ils vont essayer de s'accrocher, mais finalement ils lâcheront prise. Je suis dans une période euphorique jusqu'au lac de l'Oule. Tout va bien.

Arrivé au lac de l'Oule on remonte de suite par le GR puis par un chemin en balcon avant de rejoindre la vallée qui nous amène au dernier point de ravitaillement (Restaurant Merlans).

J'avance correctement jusqu'au changement de vallée. Là on se retrouve vent de face et j'aperçois le dernier col dans les nuages.

Le vent de face m'empêche de courir sur cette portion contrairement à l'année dernière.

Arrivée au restaurant Merlans :



Je pointe au contrôle (67,3km, 4896mD+, 3647mD-) en 11h39' ce qui me place en 39eme position.

Arrêt rapide pour le ravitaillement, 2 minutes.

Gilles m'informe que Marc vient de quitter le ravitaillement depuis peu de temps avant.

Je repars dans la dernière montée vers le col de Portet. Gilles m'accompagne jusqu'au col. Je finis l'ascension sur un rythme de 525m/h, je suis fatigué.

Le passage du col se fait dans le brouillard et il fait 13°. Il reste une grande traversée en suivant le GR avant de plonger sur Soulan et l'arrivée à Vielle-Aure.

Dans cette première partie j'ai un peu de mal, mais je me force à courir. Je marche quelques instants pour manger un gel et je me fais rattraper par un groupe de 3 coureurs. C'est la première fois depuis le début de la course que je me fais doubler aussi facilement. Je m'accroche donc à ce groupe.

Le groupe éclate et je me retrouve en compagnie d'un coureur qui a l'air aussi fatigué que moi. Nous sommes toujours dans le brouillard quand tout à coup on retrouve Marc Villa qui marche sur le bord du chemin. Je lui demande si ça va. Il me répond que ça va mieux et qu'il peut courir. Il commence donc à courir et nous voilà parti dans la descente.

On va courir tranquillement en direction de l'arrivée. On discute et de suite le temps passe plus vite. On rattrape et même on double des coureurs.

La descente au dessus de Soulan est super raide.


Traversée de Soulan, un des rares passage sur le goudron :



En arrivant à Vignec Marc accélère pour doubler un concurrent. Je doublerai ce même coureur un peu après.

Je suis à 1km de l'arrivée et là je réalise que c'est bientôt fini. J'apprécie ces derniers instants, chose que je n'avais peut-être pas assez fait l'an dernier.


L'arrivée :





Je termine ces 80km pour 5000mD+ en 13h13' et en 36eme position, je suis finisher du Grand Trail sur le Grand Raid des Pyrénées pour la deuxième année.


Bilan de la Journée :

Chrono : 13h13'03
"

Distance : 80km
Dénivelé positif : 5000mD+

Classement : 36eme/577 partants (499 finishers)

Super bilan côté sportif car une semaine avant j'avais le moral dans les chaussettes à cause de cette douleur au tendon d'Achille. De la à penser que j'aurais été au départ de la course, mais aussi à l'arrivée il y avait un gouffre.

Je suis super content de mon résultat : 36eme au scratch et 9eme dans ma catégorie Vétéran 1.

Je retiens qu'il faut toujours rester positif, penser positif, avant, pendant et après la course.

Sur cette édition le passage au Pic du Midi a été le juge de paix de la course. Le peloton c'est complètement étiré dans cette bosse.

Je tiens à remercier Gilles pour sa présence sur la course et son aide sur les points de ravitaillements tout au long de la journée.

Je tiens à remercier aussi Marc d'avoir effectué le dernière descente en ma compagnie. Je pense qu'il pouvait descendre bien plus vite. En tous cas, ce fut une dizaine de kilomètres partagés avec grand plaisir.

Et enfin, un grand merci à l'organisation pour cette belle journée à courir dans ces magnifiques montagnes.

5 commentaires:

JPS a dit…

Félicitations pour ce résultat qui j'espère doit te satisfaire
@ bientôt

Anonyme a dit…

bravo philippe,récupère bien,j'espère à dimanche.
barramine.

Anonyme a dit…

Bravo Philippe pour ton récit passionnant.Je tenais le ravito d'Aygues Cluses et je t'ai donc vu passer.Un seul bémol pourtant:l'esprit de la course veut que nous courrions tous en autonomie, pourquoi te faire porter les bâtons par un tiers ?(ce qui au demeurant n'a pas du t'aider vraiment ...
Respect total devant ton effort quoiqu'il en soit !!
Daniel. Versant Trail.

Philippe a dit…

Voici un extrait du règlement :

"Sur les postes de ravitaillement, une assistance personnelle (en dehors des soins médicaux ou
paramédicaux) peut être apportée."

Je n'ai donc fait que m'y conformer. J'ai laissé mes bâtons au ravitaillement du restaurant Merlans pour les reprendre à Artigues. Mais je tiens compte de la remarque.

Anonyme a dit…

merci pilippe pour ton récit,on a l'impréssion de faire la course,que les avantages,sans les inconvéniants.encore bravo.
barramine